Vic-Bilh, le décor est planté

De la villa gallo-romaine de Claracq-Lalonquette, aux églises romanes en passant par le château de Mascaraàs-Haron, Le Voyage aux Pyrénées parcourt les décors emblématiques du Vic-Bilh, antique, roman et classique. Ancienne division administrative comprise entre Lembeye et Garlin qui voisine avec le Gers et les Hautes-Pyrénées, le Vic-Bilh est la planche de salut de celles et ceux qui savent prendre le temps. 


Comment vivaient les romains qui occupaient l’Aquitaine ? Une partie de la réponse se trouve sur le site de la villa gallo-romaine de Lalonquette, révélée en 1843. Les fouilles successives ont permis de mettre au jour les vestiges d’une luxueuse villa. C’était la pièce maîtresse d’un vaste domaine agricole implanté non loin de la voie antique reliant Bordeaux à Saragosse. Le train de vie aisé de ses propriétaires s’affirme notamment à travers les mosaïques exposées au musée gallo-romain de Claracq-Lalonquette. Les bijoux, les céramiques, les enduits peints et autres objets conservés au musée permettent de retracer les cinq siècles d’occupation de la demeure.  Mention spéciale pour le grand module d’initiation à la fouille archéologique.  Il permet aux plus jeunes de se glisser dans la peau d’un archéologue.

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Le musée fait aussi la proposition à ses visiteurs de rejoindre à pied le site archéologique de la villa, en empruntant un sentier d’interprétation de deux kilomètres. Avec sa géographie si singulière due au versant abrupt du vallon du Gabas, le village de Claracq ouvre un panorama remarquable sur les coteaux et l’horizon pyrénéen. Plusieurs parcours empruntent les chemins anciens, les bords du Gabas, les lisières boisées. Depuis le parc du château, vue imprenable sur les montagnes. Des itinéraires avec balisage jaune sont téléchargeables sur le site de la Communauté de communes des Luy en Béarn.

L’art roman au détour des petites routes

Un peu partout au bord des routes du Vic-Bilh, des panneaux signalent la présence d’églises romanes. Elles sont souvent modestes mais qu’importe. L’alchimie entre leur proportion, leur décor et leur localisation finit toujours par émouvoir.

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L’église Saint-Jean-Baptiste de Diusse est une petite merveille ocre, posée sur le fond vert d’une colline. Griffons, cavaliers, oiseaux, décor végétal, chrisme, les principaux attributs de la sculpture romane sont réunis sur son portail. On sait assez peu de choses sur les artisans qui ont œuvré dans le Vic-Bilh. Anonymes et itinérants, ils ont essaimé leur art à la croisée des courants languedociens, navarrais et aragonais. Non loin de là, à Aubous, Sainte-Quitterie rappellerait presque par son dénuement et sa position à l’écart du village les ermitages de haut Aragon. Elle doit sa sauvegarde à trois des maires de la commune, Rémi Haille, René Paulien et aujourd’hui Pierre Poublan.

Douze églises authentiquement romanes

C’est que dans le Vic-Bilh, on est très attaché à ces églises du XIIe siècle. Il faut aussi aller voir Notre-Dame de Taron qui conserve d’importants vestiges romans et des mosaïques gallo-romaines. C’est un exemple typique d’église médiévale très certainement bâtie sur un ancien établissement gallo-romain. Le Vic-Bilh compte en tout 12 églises authentiquement romanes. L’été, des visites s’organisent dans les villages pour découvrir ce patrimoine.

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Décor aristocratique inchangé depuis 1730

Le château de Mascarràas est une perle rare. Le temps s’y est arrêté et a mis sous cloche les décors commandités par une famille d’aristocrates du XVIIIe siècle éprise d’art. Les papiers peints en cuir de Cordoue, les décors à boiseries, les oiseaux représentés dans la volière de la marquise, les nombreux objets d’art et la bibliothèque de 2000 livres, nous transportent en 1730. « À cette époque, la famille de Batz, propriétaire du château, bénéficie d’une élévation de titre et la maison s’en porte très bien » explique l’actuel propriétaire Éric Derluyn.

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Il voue une véritable passion à ce château exemple parfait d’équilibre selon lui. Il ne faut pas manquer de parcourir les jardins à l’anglaise et à l’italienne agencés dans un parc de 25 hectares. L’ensemble du château est classé aux Monuments Historiques. Visites guidées tous les jours du 1er juin au 15 septembre.

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Conchez-de-Béarn, loin d’être secondaire

En empruntant le chemin de randonnée baptisé « entre architecture et vignoble » au départ de Conchez-de-Béarn (guide rando 64 – Vic-Bilh / 5 euros à l’Office de tourisme de Lembeye), à plusieurs reprises, le regard est accaparé par ce petit village sur son belvédère. La boucle de 7 kilomètres alterne les chemins de crêtes, les sous-bois et les parcelles de vignes et passe au bord de l’étang du domaine Betbeder. Retour au village, où dans un mouchoir de poche, les maisons cossues rivalisent d’élégance. Pourquoi une telle concentration à Conchez-de-Béarn ? Il faut remonter au XVIIIe siècle.

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À cette époque, des notables de Pau et de Tarbes s’entichent de la localité perchée sur sa butte castrale. Ils sont médecins, notaires, vétérinaires ou pharmaciens et font élever sur le bâti ancien leurs résidences d’été. Tuiles plates et génoises de toiture ont ici leur résidence principale. D’ailleurs, plus il y a de génoise et plus la maison est riche. La demeure de Hiton, propriété en premier lieu de Bernard de Hiton, compagnon d’Henri IV, est certainement la plus remarquable de toutes.

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On recensait jadis jusqu’à 1 000 habitants à Conchez. 120 aujourd’hui. L’église du village témoigne aussi de cette période d’opulence avec ses boiseries latérales et son lustre en bois doré. Que font ces poires sculptées suspendues aux branches ? Elles rappellent celles représentées sur le blason du village. N’allez surtout pas dire aux habitants de Conchez-de-Béarn que le nom de leur village vient de la « concha » la coquille symbole du pèlerinage à Saint-Jacques de Compostelle. Conche signifie à la fois une mesure de grain et une petite colline. S’il est un moment privilégié pour se rendre à Conchez-de-Béarn, c’est le premier week-end du mois d’août. La place du village devant le fronton s’anime comme jamais avec le festival Jazz in Conchez.

Aydie, plus belle la vue

Aydie, rien que le nom donne envie de lever le pied. Pour se délecter des points de vue sur le vignoble et les Pyrénées, le village n’a pas son pareil. Une très jolie balade de 9 kilomètres avec balisage jaune fait le tour du village (guide rando 64 – Vic-Bilh / 5 euros à l’Office de tourisme de Lembeye). On passe devant la grande bâtisse bourgeoise postée sur la crête. Elle a servi de résidence à l’écrivain et Prix Goncourt 1935, Joseph Peyré, natif du village.

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Le château est la propriété de la famille Laplace, des vignerons qui embrassent la bonne vie du Vic-Bilh et la font partager durant leur garden-party au mois d’août et lors des portes ouvertes de l’appellation en novembre.