Aux cabanes de La Lit, la pierre sèche sublimée

Avec leurs murs à pierre sèche et leur couverture en lauzes, les cabanes de La Lit, en vallée de Lesponne (Hautes-Pyrénées), continuent d’interpeler les randonneurs. Elles ont été construites initialement par les vachers et les bergers de haute Bigorre avant d’être abandonnées, puis redécouvertes par un passionné.
On parvient au courtaou de La Lit après une marche d’environ une heure. Il se dégage de cette ancienne estive une atmosphère unique. Elle tient aux cabanes restaurées et reconstruites, pierre par pierre, par Georges Buisan, entre 1978 et 2010. Le courtaou désigne le lieu où était gardés les troupeaux en estive. Le courtaou de La Lit a été fréquenté jusqu’à la Seconde Guerre mondiale. Il est ensuite tombé progressivement dans l’oubli pour n’en sortir qu’à la faveur de la passion de Georges Buisan. Cet ancien du Club alpin français de Tarbes, s’est plongé dans la vie pastorale et son architecture vernaculaire. Auteur de quatre livres, il laisse à sa mort, en 2010, un témoignage unique de la vie paysanne en haute Bigorre.

courtaou de la lit

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Auvent et petit banc de pierre

Le courtaou de La Lit comme la plupart des courtaous du haut Adour était composé des cabanes, d’une petite étable, des parcs à bestiaux et des niches à lait (leytè). Les cabanes nous touchent par leur simplicité : murs à pierre sèche (c’est à dire sans mortier), toit de lauzes, auvent sur le mur-pignon et petit banc de pierre en façade.
A l’intérieur, le strict minimum : le couchage du berger en hauteur, le foyer au ras du sol, des niches dans les murs, une petite ouverture dans le mur-pignon pour l’évacuation de la fumée (le tire-hum), la porte en bois taillée à la hache dans des pièces de sapins. La cabane n°3 est dotée d’un “leytè”. Dans cet emplacement étaient réservés les bidons de lait, maintenus au frais grâce à une dérivation de la rivière.

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Faire son beurre

Dans cette vallée de Lesponne, comme dans celle de Campan, le lait produit en estive n’était pas destiné à la fabrication du fromage. Il servait à faire du beurre. Des boules de beurre vendues notamment sur le marché de Bagnères-de-Bigorre. La traite avait lieu deux fois par jour. Le lait et la crème étaient conservés dans les leytès. Quand il ne descendait pas lui-même à la ferme, le vacher était approvisionné tous les deux jours par un membre de la famille qui en profitait pour collecter le lait et la crème.

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Aux cabanes de La Lit, les murs ne dépassent pas 1,60 mètre de haut. Ils sont formés de deux parements et ont au moins 60 cm d’épaisseur. La pierre est un schiste gris et très dur. “Ce n’était pas mon métier de monter des murs à sec, mais je me disais que ce n’était pas non plus le métier des anciens bergers et vachers”. Georges Buisan

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Georges Buisan décrit ainsi la maçonnerie à pierre sèche. “Le maçon à pierre sèche ne devrait pas chercher la pierre qui irait bien à une place, mais chercher plutôt la place qui irait bien à une pierre. Pour travailler à l’aise, il doit avoir sous les yeux une grande quantité de pierres. Avec l’habitude, son regard fait instinctivement le lien entre la forme de la pierre qu’il voit et la place qui lui conviendrait

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Pour s’y rendre : se garer sur le parking enherbé un peu avant l’Auberge du Chiroulet (Vallée de Lesponne). Prendre la piste forestière vers le nord-est. Au km 0,7 environ, un sentier marqué par des cairns monte dans le bois vers l’ouest. Suivre ce sentier. Le sentier coupe la piste à plusieurs reprises. Au débouché du bois, apparaissent les cabanes en pierre.