La bonne vie autour de Navarrenx

Méritein, Bugnein, Viellenave, Bastanès, Audaux, Castetnau-Camblong, Araujuzon… les villages de l’Arribère qui s’étirent aux environs de Navarrenx s’adressent directement aux épicuriens. La géographie est bien faite. Le gave d’Oloron se laisse approcher plus souvent qu’on ne l’imagine et tout autour les coteaux ouvrent des sentinelles pour s’allonger sous un chêne en regardant la ligne des Pyrénées. Dans les bourgs, les belles fermes béarnaises sont reconnaissantes à l’agriculture  féconde.

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On cherche d’emblée les accès au gave. Le grand jeu de l’été. Dans certains villages comme à Méritein ou Audaux, le travail est déjà fait, il suffit de suivre les panneaux. Parfois cela prend un tour un peu plus héroïque. Si la pluie est tombée, la rangée de maïs vous dépasse de deux ou trois têtes, la terre colle aux godasses et vous fait des pieds d’éléphants. Tout ça pour tomber au bout du champ sur un mur de saligue et de ronces. On entend bien le gave qui racle le fond de son lit mais il faudra rebrousser chemin. Et puis, parfois, la chance vous sourit. Une volée de gosses à vélo s’enfonce dans un chemin. Vite le point GPS, une pincée de Google et le tour est joué.
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Cordes à plonger et bacs de fortune
Le gave charrie les souvenirs d’enfance mais aussi tout un fatras de légendes et quelques vestiges d’une autre époque. Sans lui, les cabanes, les bivouacs, les cordes à plonger, les bacs de fortune s’envaseraient dans nos imaginaires. Grâce à lui, les cabanes, les bivouacs, les cordes à plonger, les bacs de fortune sont emportés à la première crue printanière et tout est à refaire l’été suivant. Ainsi va le gave d’Oloron. D’une saison à l’autre, selon les endroits, ses plages se déplacent, s’étirent ou se recroquevillent. Il en est de même pour les populations de saumons. Leur variation met les pêcheurs en émoi. Le pêcheur de salmonidés devient presque aussi rare que sa proie mais il reste des têtus. « Avec des coins comme ça, on est obligé de pêcher » témoigne Alexis Lakehal, un jeune pêcheur de saumon habitant Méritein.

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Quand ça cogne, la fraîcheur bienfaitrice du gave
La mairie d’Audaux bichonne un coin de pique-nique au bord de l’eau auquel on accède par le chemin de la sablière. Un boulodrome et quelques tables suffisent à notre bonheur. On veillera à se garer au départ du chemin plutôt que d’agglutiner les voitures à l’endroit même du pique-nique. Ne pas oublier qu’Audaux compte aussi une des plus belles tables des environs, l’Auberge Claverie. La petite plage en bas de l’ancien pont de Viellenave-de-Navarrenx est appréciée pour son accès facile. Toujours à Viellenave-de-Navarrenx mais cette fois en dessous du nouveau pont, l’accès au gave est très facile. À Araujuzon, on accède à la plage de la sablière depuis le rond-point qui se trouve à la sortie du village en direction de Laàs. Un bel endroit agrémenté d’une table de pique-nique.
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Pool Masseys à Susmiou
Pour casser la croûte au calme à Susmiou, direction le célèbre Pool Masseys. Cet endroit est  historique. Outre le fameux coin de pêche au saumon, on trouve ici l’ancien point de passage des radeliers qui convoyaient les troncs de la mâture depuis la vallée d’Aspe à destination de Bayonne et ce jusqu’en 1848. L’endroit est toujours connu sous le nom de « passelis ». C’est aussi là que se trouve la passe à poisson de la centrale électrique de Navarrenx. C’est un point d’observation unique en son genre. Le canal de remontée des poissons est équipé d’une vitre derrière laquelle une caméra filme tous les individus qui remontent la passe vers les frayères du gave d’Ossau et du gave d’Aspe.
Couloir de nage dans le Lausset
Le gave ne joue pas seul et ses affluents sont aussi de la partie pour les petits coins fraîcheur. Le lavoir aux loups de Lay-Lamidou est posé dans un écrin de nature ultra-paisible en bordure du Layou. Ce lavoir abreuvoir était alimenté par une canalisation enterrée. Il a été restauré par l’association « Vivre à Lay-Lamidou ». Depuis le centre du village, suivre le panneau « La grange de Georges » puis traverser le Layou. Le village se distingue par le nombre important de puits communautaires encore visibles aujourd’hui. à Araujuzon coule Le Lausset. Un spot très simple à localiser depuis le centre du village avec la rue du Lausset qui descend gentiment vers la berge. La rivière dessine un long et large couloir d’eau fraîche. L’endroit est hyper calme.
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La randonnée du Layuzou
Il faut aller voir le très beau pont du XIVe siècle avec ses refuges pour piétons du temps de la circulation des carrosses. À faire au départ du centre du village, la randonnée du Layuzou. Un très joli sentier traverse le bois d’Araux et conduit au hameau d’Araujuzon avant de longer la forêt de Rivehaute pour redescendre vers le village (12 kilomètres). Pour voir les choses de haut on peut se rendre au Coos d’Audaux. Depuis le village suivre la direction du hameau. La route tortille jusqu’au chemin du Coos avant de terminer devant le Gîte du Coos. Vue imprenable sur la vallée du gave, les villages et les Pyrénées.
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So chic, les galets en arêtes de poisson
Depuis toujours, la veine jugulaire a agrégé sur ses rives les communautés humaines dont les traces s’enracinent dans les nombreux castéras, ces collines autrefois fortifiées. Les cultures céréalières très anciennes, propices aux pratiques communautaires, ont favorisé l’émergence d’un habitat groupé et l’éclosion des villages actuels. Dans ces villages de l’Arribère, l’ostau, la maison béarnaise témoigne des largesses de la plaine du gave d’Oloron. Les voilà, de Jasse à Audaux en passant par Castetnau-Camblong, ces fermes cossues restaurées avec goût dans le respect des canons locaux : galets et pierres de sable, toits à fortes pentes, tuiles picon, génoises, cours fermées et portes charretières, fenils et poulaillers à claustras. Et parfois, le must, une galerie de bois courant sur le premier étage où l’on se verrait bien rêvasser plutôt qu’en train d’étendre le linge.
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Porte dérobée pour les cagots

La visite des églises n’est pas réservée aux premiers de la classe. Pousser leur porte, c’est s’autoriser à lire une partie de l’histoire et des traditions locales. Ainsi les clochers trinitaires de Viellenave de Navarrenx et d’Araux annoncent la proximité de la Soule, la province basque voisine. À Barraute, la petite porte sur le côté pourrait bien être celle utilisée par les cagots, de même qu’à Dognen le bénitier semble avoir été dévolu à cette communauté tenue à l’écart des villages jusqu’au XVIIe siècle et dont l’origine continue de faire mouliner les historiens. À l’entrée de l’église Saint-Germain de Navarrenx, le beau pavement en galet du gave illustre l’emploi de cette ressource dans les calades des bâtiments religieux mais aussi des maisons aisées.

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Les affaires avant la messe

Navarrenx est une bastide. Elle fait partie de cet ensemble de villes bâties entre le XIIIe siècle et le XIVe siècle, dans tout le sud-ouest de la France, selon une nouvelle organisation urbaine et politique. Dans quel but ? Celui d’attirer de nouveaux habitants, de stimuler les échanges et l’essor économique. Pour ce faire, on propose des bois et des terres aux paysans ainsi qu’une protection militaire. En contrepartie, les nouveaux venus versent une sorte de rente annuelle. La plupart de ces villes nouvelles adoptent un plan orthogonal propice à la circulation des marchandises. L’église est construite à l’écart laissant la place au marché qui occupe désormais le centre de la ville nouvelle.

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Les remparts sont italiens

Les remparts. C’est la fierté de Navarrenx et ils sont italiens. Henri II d’Albret toujours pris en étau entre la France et l’Espagne fait appel à l’architecte Fabricy Siciliano auteur d’un nouveau type de fortification dans son pays. Les remparts sont bâtis entre 1538 et 1547. Résultat, en 1569, malgré deux mois de siège, l’armée protestante de Jeanne d’Albret repliée à Navarrenx, réussit à tenir en échec les troupes catholiques du roi de France. Les pèlerins sont nombreux à Navarrenx. La ville est une étape importante sur le chemin de Compostelle. Leur accueil a débuté dans les années 80 grâce au Père Ihidoy. De Pâques à la Toussaint, des bénévoles du comité d’accueil se relaient pour recevoir les pèlerins. Navarrenx possède trois gîtes communaux dont les deux du centre sont toujours ouverts pour les pèlerins.

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