On pourrait vivre dans ces chambres d’hôtes et leurs salles de bain tellement les dimensions ont du cœur. À la Manufacture Royale de Lectoure, dans le Gers, Christèle Ageorges manie l’épure et le confort avec brio.
Il y a dans le patronyme de cette maison un trait d’excellence qu’il convenait d’honorer. Christèle Ageorges s’y est employée avec succès. Les cinq chambres d’hôtes de la Manufacture Royale de Lectoure sont une signature, Ageorges. 30 ans de métier dans la déco, Marie-Claire Maison, Côté Ouest, ELLE déco…
« Cette maison s’est imposée à moi comme une page blanche » exprime la styliste. La délicatesse des décors passe d’abord par les tonalités de la chaux appliquée aux murs de la maison. « Il fallait une atmosphère qui s’accorde avec le paysage extérieur. Il y a beaucoup de douceur dans la lumière d’ici. »
Mise au repos
On pourrait vivre dans ces chambres et leurs salles de bain tellement les dimensions ont du cœur. Christèle Ageorges sait y faire pour manier l’épure et le confort. Rien ne vient fatiguer le regard ou alourdir l’esprit. C’est l’inverse. Le mobilier, les luminaires, les tissus, tout semble là pour nous mettre au repos. Pour nous envelopper. Les lits sont préparés avec un soin tel qu’à les voir on dirait des brioches gonflées, juste sorties du four. Comment fait-elle ?
Il y a quelque chose d’opératique dans ces arrondis et ces encadrements de portes. Derrière l’apparente simplicité des chambres, c’est un peu comme si Christèle Ageorges nous offrait un décor pour jouer, à l’abris des regards. La styliste a composé elle-même une gamme de 20 couleurs qu’elle a fait fabriquer par Mercadier, créateur de couleurs et de matières à Aix-en-Provence.
La sobriété qui a guidé Christèle Ageorges plonge ses racines plus de 270 ans en arrière. « C’était avant tout un lieu de travail. Mais les frères Duclos voulaient que leur tannerie soit la plus grande de France et qu’elle devienne manufacture royale. Ils ont construit un bâtiment à la hauteur de leurs ambitions. » La tannerie de cuir des frères Duclos a vu le jour en 1754 et a reçu, vite après, ce titre prestigieux.
Un an de montage financier
Christèle Ageorges et son mari Hubert Delance ont tout quitté à Paris pour restaurer la vieille manufacture. En piteux état, l’immense bâtisse se désespérait de trouver des acquéreurs. 2017, en faisant un bout du chemin de Saint-Jacques de Compostelle, les deux Parisiens tombent sous le charme de Lectoure. À leur retour dans la capitale, la vision de cette petite ville ne les lâche pas. Ils reviennent rapidement dans le Gers et visite la Manufacture. Christèle Ageorges n’a aucune hésitation, elle est comme happée par le lieu. Le montage financier sera long. “On a vendu notre maison de 50 mètres carrés à Paris et dit aux enfants qu’on ne pourrait pas beaucoup les aider pour la suite. Ils ont compris et nous ont encouragés.”
Le projet se dessine, des chambres d’hôtes, un gîte classique et un gîte pour les pèlerins. A cela s’ajoutent des espaces de réception pour séminaires, retraites yoga ou shooting photos. La subvention de la Région Occitanie qui récompense l’innovation touristique aide à convaincre. C’est finalement au Crédit Agricole de Lectoure que le financement est bouclé. Au bout de quatre ans de travaux la Manufacture Royale ouvre en 2022. Les habitants de Lectoure sont heureux de la voir à nouveau en vie. Les Parisiens sont rapidement adoptés.
Christèle Ageorges ne reviendrait pas en arrière. Elle prend un immense plaisir à l’accueil des visiteurs toulousains, parisiens, espagnols, australiens, américains… La plupart ne demandent qu’à rester davantage. Et puis Lectoure a tout pour plaire « et toute l’année » s’empresse de préciser Christèle Ageorges. Le Centre d’art et de photographique, les concerts, les trois ou quatre expositions à la Manufacture même, la vie culturelle ne mollit pas.
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Prix
Chambres 280 €
Suites de 290 € et 320 €
Manufacture Royale de Lectoure
19 rue Claude Ydron
32 700 Lectoure
