Je pars à la rencontre de collectionneurs. A quoi s’attendre ? Des vitrines poussiéreuses, des anecdotes à tiroir et la somnolence qui guette ? Heureusement, Les Projectivers renouvellent le genre. Ca parle, ça oui… Ca vit surtout! Dans les bars, les fêtes privées, au cours de multiples concerts et festivals, Les Projectivers déroulent les kilomètres de films 8 mm et 16 mm qui constituent leur catalogue. Au programme, grands classiques, burlesques, films de monstres, de Kung-fu, SF, cartoons, scopitones et un peu de X.
C’est à Lyon qu’il faut se rendre pour retrouver l’origine du projet. En 1995, Xavier Le Falher et Fabrice Finotti terminent leur fac de cinéma. Tous les deux farfouillent dans le grenier des parents, exhumant des films de familles sur pellicule. Puis de vide greniers en brocantes spécialisées, la collection se constitue. En cette année de centenaire du cinéma, la ville des frères Lumière fourmille de rendez-vous où les collectionneurs battent le pavé. Les bars des Pentes de la Croix Rousse servent de décor à leurs premières expériences de projection. Des Walt Disney, du burlesque pour commencer. « On s’est rapidement rendu compte que projeter des images pendant des concerts plaisait au public autant qu’aux groupes rock et hard core qui sévissaient sur la scène lyonnaise de cette époque » explique Xavier Le Falher.
Rapidement après les débuts, les deux compères passent leur CAP de projectionniste. La collection s’étoffe de plus belle : La rose pourpre du Caire, Terminator, Star Wars, Les dents de la mer, Allien, sont quelques-uns des monuments que Les Projectivers passent dans les appartements de copains, sans la moindre assistance numérique. En bruit de fond, le souffle et les cliquetis du projecteur.
Amon Tobin et Mexico
Depuis qu’il est arrivé à Pau, au cinéma Le Méliès, Xavier Le Falher multiplie les escapades en Espagne. Le Festival Euro Yéyé de Gijon et le Funtastic Dracula Carnival de Benidorm réclament de la pellicule et de l’image à gros grain. Les Projectivers leur en donnent d’autant plus, que près de 60 scopitones sont maintenant au catalogue. Avec ces films, ancêtres du clip, d’une durée maximale de 3 à 4 minutes, c’est toute la variété des années 60 qui se dandine autour des piscines, dans des décapotables, ou au pied de la Tour Eiffel.
Jouant habilement de la surimpression, plusieurs projecteurs permettent de mixer les films. La fusion avec l’énergie musicale de groupes, rock de préférence, est garantie. Des puzzles d’images qui ont accompagné entre autres, le duo garage-rock bordelais Les Magnétix, le DJ Amon Tobin, l’humoriste Thomas VDB et séduit la scène rock de Mexico.
Au Pays basque, la biarrote Kiki Ritz habille régulièrement son défilé de mode vintage de celluloïd. Dans le Gers, le festival Montesquiou on the Rock’s fait chauffer les projos tous les ans au mois d’août. « Les personnes nous reconnaissent une forme d’engagement. A l’heure du tout numérique, on prend le contre-pied, sans nostalgie, juste par passion pour ces objets » affirme Xavier Le Falher. Un autre collectionneur, Denis Magnole a rejoint les Projectivers. A la tête d’une impressionnante collection d’affiches de cinéma des années 50, il contribue régulièrement par ses accrochages à l’actualité des Projectivers. Celle-ci est à suivre sur le facebook du collectif.