Monein, cinquième plus grande commune en superficie des Pyrénées-Atlantiques, compte des kilomètres de chemins et de routes de crêtes. Autant d’invitations à faire chauffer les mollets. Pour se mettre en jambes, une boucle balisée et baptisée « Histoire de Monein » grimpe vers la motte féodale des Castérasses dans le quartier Castet. Départ depuis le chemin de Griffet. Après quelques minutes, une vue parfaite se dégage sur le village et l’église Saint-Girons. Aux beaux jours, plusieurs quartiers de Monein organisent leur repas.
Panorama pyrénéen
Quelques indications : rester sur le chemin d’Angousture, un panneau vert indique « Maison Marimpoey », c’est la bonne direction. Continuer jusqu’au croisement avec le chemin Lourtau marqué par une borne à la mémoire de Marie Bartête. Emprunter le chemin Lourtau puis prendre le sentier dans le bois signalé par un panneau interdit aux motos et aux voitures. Vite après, en sortant du bois, le sentier descend derrière une maison et rejoint la route goudronnée. Au carrefour, s’engager sur le chemin Lamarche qui longe le domaine Capdevielle. Au fur et à mesure, les maisons se font plus rares. Au croisement avec le chemin Picapé, prendre Picapé à droite et monter. La route dessine une courbe. Un peu plus loin le goudron laisse la place à un chemin empierré qui atteint une parcelle de la Cave de Jurançon. La vigne dans le dos et les Pyrénées face à nous, c’est paraît-il le spot idéal d’observation des vols de palombes. Avec ou sans l’oiseau bleu, l’endroit ouvre un magnifique panorama d’où se détache le Pic d’Anie. Continuer et descendre le sentier qui longe une maison sur la droite et des bâtiments agricoles sur la gauche. Au croisement, prendre le chemin Bergez Combien.
On suit cette voie goudronnée tout du long jusqu’à rencontrer un chemin empierré qui monte à gauche dans un sous-bois. On rejoint alors un plateau où La Trinité vignes, bois, sommets est en majesté. C’est assurément un des plus beaux coins à Monein. Il s’est écoulé un peu plus d’une heure depuis le départ sous le grand chêne et l’on a déjà trois quartiers au compteur, Trouilh, Coos et Candeloup.
Les moutons dans l’église
« J’ai pris la route de Moneng »
Chemin de la pierre blanche
Pionnière de l’accueil à la ferme
Nous voici dans un autre quartier celui de Laquidée d’où l’on surplombe le village de Lacommande à droite. Caubeigt rejoint la route départementale 34. Il faut la prendre à gauche sur quelques mètres, direction Cuqueron. Ici vit une Moneinchonne « cap e tot ». Marie-Josée Nousty, propriétaire des chambres d’hôtes Canterou est également présidente des Gîtes de France des Pyrénées-Atlantiques.
En route vers Haut-Ucha
On quitte la départementale et on bifurque à gauche sur le chemin Pierrette en descente. On longe le domaine Bayard. Au stop, prendre à droite la route d’Ucha direction domaine de Montesquiou. Sur la droite un verger de noisetiers. Au carrefour suivant, filer à gauche, route du Haut-Ucha, direction domaine de Montesquiou, domaine de Malarode, domaine de Montaut. La route fait ensuite un tournant sur la droite, marqué par les panneaux de ces trois domaines. Au bout de la ligne droite, laisser le chemin Sarramide à gauche et monter à droite en direction des domaines de Montesquiou et de Malarode. On retrouve le Haut Ucha et la vue sur les Pyrénées. À droite, en contrebas, le quartier Candeloup. La route finit par rejoindre le chemin Bourrassot et la table de pique-nique.
Le vin remplit les caisses
C’est à Monein et nulle part ailleurs que s’est constituée une véritable paysannerie vigneronne. Le vin d’alors que l’on n’appelait pas encore Jurançon était déjà apprécié au village et bien au-delà. Son commerce et les taxes afférentes ont largement contribué à la prospérité de Monein. Bien avant la Révolution, le commerce du vin y est encadré par un règlement quasi protectionniste. Il est écrit noir sur blanc, l’interdiction de transporter à Monein du vin venu d’ailleurs, d’en vendre et d’en débiter avant que le vin du cru ne soit vendu. Restriction aussi sur la vente de vin de Monein aux « étrangers » quand la vendange est mauvaise.
C’est le cas en 1709 et 1710 en raison de la grêle qui frappe durement les quartiers Candeloup, Ucha et Loupien. Les jurats ordonnent un recensement des stocks des « cabaretiers » et des particuliers, assorti d’une interdiction de vendre le vin à l’extérieur sans autorisation. Le vin à cette époque est déjà taxé et les autorités locales ne comptent pas qu’on leur fasse les poches. Mais c’est aussi une affaire de santé publique comme le prouve l’ordonnance du 10 juin 1709 qui stipule : « attendu que le vin est une provision indispensablement nécessaire, soit pour les malades ou soit pour les personnes qui se portent bien. »
Le vin de Monein s’invite aussi à la table des jurats quand les libations détournent les bons paroissiens de leur devoir. Le 12 novembre 1718, le curé de la paroisse et les vicaires s’alarment « Les cabarets et hôtes reçoivent toutes sortes de personnes en leurs maisons, les jours de dimanches et fêtes et surtout pendant les divins offices, durant les processions, de même que la nuit ». En réponses, les textes tombent : les cabarets doivent être fermés le soir à l’angélus, durant la messe, les vêpres et les processions.
Le droit de fermer son champ
Le village de Monein a bel et bien prospéré sous l’ancien régime. L’importance de la vigne, les revenus de la vente du vin, de la culture du maïs et du lin, l’élevage des bestiaux et leur commerce formaient le socle de la vie économique. À cela s’ajoute une exception moneinchonne : le droit accordé aux cultivateurs de clôturer leurs champs bien avant tout le monde. En effet, dès le XVIe siècle, les autorités locales accordent de nombreuses dérogations au droit de parcours des animaux de ferme, droit qui obligeait les paysans à laisser leurs champs libres d’accès. Or des terrains clôturés sont déjà présents à Monein bien avant l’autorisation officielle pour un paysan béarnais de fermer son champ, intervenue en 1767.
La plus grande église gothique du Béarn
Impossible de quitter Monein sans visiter l’église Saint-Girons. Ses toitures monumentales, soutenues par la célèbre charpente en forme de coque de navire renversée, font d’elle la plus grande église gothique du Béarn. Ses dimensions témoignent de la prospérité qui régnait au sein de cette communauté villageoise au XVe siècle.
Car en plus des dons et legs divers, ce sont bien les habitants de Monein qui, durant plus de soixante ans (1464-1530), ont soutenu par l’impôt la construction de l’édifice. L’église et sa charpente mise en lumière se visitent. Renseignement auprès de l’Office de tourisme.
« C’est l’hiver, vous n’aurez pas un chat »
Jean Casaubieilh, 85 ans, a été l’un des vignerons qui a contribué à la montée en puissance de l’association qui regroupe aujourd’hui les producteurs indépendants de l’appellation Jurançon. Avec son ami Charles Hours il a aussi contribué au lancement de Slow Food Béarn.
« Quand on en parlait autour de nous, tout le monde nous disait « C’est l’hiver, vous n’aurez pas un chat. » A l’époque nous avions embauché un stagiaire qui sortait de Purpan et qui a fait une belle carrière depuis. C’est Lionnel Osmin. C’est lui qui a insisté pour que nos portes ouvertes aient lieu à cette période. Il nous a convaincu. On a fait une petite conférence de presse pour présenter le truc sans trop y croire. Sur les 60 vignerons que nous étions, 15 ont pris part à cette première édition. Résultat on a eu 5 000 personnes. On était complètement débordé, on a vendu du vin qui n’était ni encapsulé, ni étiqueté. C’était la prise de conscience que les gens ne nous connaissaient pas, qu’ils n’étaient jamais venus. Les années suivantes jusqu’à 25 000 personnes sont venues aux portes ouvertes qui sont devenues depuis un temps fort de l’année en Béarn. »