Une virée au cœur du Madiran

Le Festival du Madiran du 13 au 16 août nous donne l’occasion de découvrir ce terroir à la confluence des trois départements, Pyrénées-Atlantiques, Gers et Hautes-Pyrénées.

Quand la vigne voisine avec les tournesols d’un côté et les pieds de maïs de l’autre, pas de doute, vous y êtes. En 1950, il ne restait plus que 50 hectares d’une AOC obtenue deux ans plus tôt. Quelques jeunes vignerons vont alors jeter les bases d’un redéploiement de l’appellation. Tentons de circonscrire la géographie de ce territoire. C’est sur les coteaux de l’Adour, entre Armagnac et Béarn que des moines des prieurés bénédictins de Madiran et de Saint-Mont cultivent la vigne. Les notables et des paysans ensuite en feront une culture dominante.

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Un vin pour les bergers puis pour les Hollandais

Les premiers consommateurs des vins de Madiran sont les bergers pyrénéens amateurs de vins noirs, rudes et épais. Lorsque l’Aquitaine devient anglaise, l’Europe du Nord découvre les vins de Madiran : les rouges bien sûr, mais aussi les blancs, le fameux Pacherenc du Vic-Bilh. Les barriques commencent alors à transiter sur l’Adour jusqu’à Bayonne. Avec l’arrivée des négociants hollandais au XVIIIème siècle, les vins les plus prisés sont alors les vins blancs doux et les vins à brûler en eau de vie. Dès lors, la production ne cesse de progresser. Mais il faudra attendre 1910 pour que les vignerons regroupés en syndicat obtiennent la première délimitation des terroirs de Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh. L’AOC viendra plus tard en 1948. Aujourd’hui, 37 communes constituent l’appellation. Elles sont réparties sur 3 départements, le Gers, les Hautes-Pyrénées et les Pyrénées-Atlantiques.

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De châteaux en demeures

Il est délicieux de se perdre dans les coteaux à la découverte des châteaux de Mascaras, de Crouseilles, d’Arricau Bordes. Le premier, ancienne demeure des Barons de Diusse, est monument historique. Ses intérieurs XVIIIe, remarquablement conservés en font l’ensemble décoratif le plus important du nord des Pyrénées-Atlantiques. Cette magnifique demeure, toujours habitée, fut un relais de chasse de Jeanne d’Albret au XVIème. Mascaras vaut vraiment la visite. Le Château d’Arricau Bordes, bien que remanié constitue quant à lui un exemple très intéressant d’architecture médiévale. Enfin le Château de Crouseilles est à bien des égards le vaisseau amiral de l’appellation. De par sa position il domine les Pyrénées et les vignes plantées sur les flancs de sa butte. Suitée à deux pas de la cave coopérative, cette demeure béarnaise du XVIIIe siècle, fidèlement restaurée est un lieu privilégié pour déguster et acheter les vins vinifiés à la cave.

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L’été, les vignerons coopérateurs organisent entre les murs du château et dans le parc de nombreuses animations, allant des projections de films aux concerts classiques. Malgré des degrés de notoriété différents, les vignerons cultivent ici une ouverture d’esprit conjuguée à une certaine simplicité dans les relations humaines. Oubliez le marbre et les colonnes des châteaux du Médoc, oubliez aussi les hôtesses qui vous tendent un verre à déguster en toute hâte. Préférez à tout cet apparat, la rencontre directe avec les vignerons qui vous en diront long sur leur passion.

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Remarquables églises romanes

Plusieurs villages méritent une halte. C’est le cas de Conchez-de-Béarn. Ce charmant village, blotti autour de son église, était au Moyen Âge un nœud commerçant actif ainsi qu’un point de passage et de repos pour les pèlerins de Saint-Jacques. L’ancienne activité marchande a donné lieu à la construction de belles demeures (XVIème – XVIIIème siècles). Leurs toits sont remarquables de par l’enchevêtrement des tuiles de différents calibres. L’église à chapelle latérale décorée, comporte deux retables baroques. Nous nous dirigeons à présent vers Diusse, autre charmant village lui aussi doté d’une remarquable église romane. C’est le cas de nombreux villages situés dans la partie nord-ouest de l’appellation appelée le Vic-Bilh, le vieux pays et située en Béarn. Aubous, Mont-Disse, Aydie, Arroses, Saint-Jean Poudge, Taron, Burosse-Mendousse, Aurions-Idernes, Lasserre, Monpezat, Lannecaube, Lalongue, Escures, Sévignacq, Simacourbe, Maspie-Juillacq, Sansons-lion, Luc-Armau, Sedze-Maubecq. Pour découvrir ce patrimoine souvent discret mais ô combien remarquable, allez faire un tour sur le site de l’Association des «Amis des Eglises Anciennes du Béarn».

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Festival du vin à Madiran du 13 et 16 août

Cap maintenant vers Madiran, dans les Hautes-Pyrénées. Le village est intimement lié à la création de l’abbaye Bénédictine. Madiran n’a pas été épargné par les guerres de religions entre protestants et catholiques. Son église, brûlée par l’armée de Montgomery en 1569, porte encore les stigmates, (les pierres rougies par le feu près du porche) de ces attaques. Aujourd’hui, aucun risque de voir débarquer des cohortes de fanatiques dans les rues de Madiran. Autour du 15 août, la ville est prise d’assaut. Il s’agit d’un défilé tout à fait pacifique de confréries dédiées, qui au haricot tarbais, qui à la garbure béarnaise ainsi qu’à de nombreuses autres victuailles. Durant 4 jours, tout Madiran est en fête et les vignerons font déguster leurs vins au public venu nombreux.

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Ouverte toute l’année, la Maison des Vins de Madiran réunit les nectars de nombreux producteurs. L’homme fort de l’appellation se nomme Alain Brumont. Avec ses deux châteaux Montus et Bouscassé, il a très largement contribué à la renommée du Madiran. N’omettez pas de ménager une halte culinaire au restaurant Le Prieuré et retenez la belle programmation de concerts classiques dans l’église durant l’été.

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Le superbe château de Viella

Dirigeons-nous maintenant vers Viella dans le Gers, un autre fief de l’appellation Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh. Le Château de Viella, depuis 1952 propriété de la famille Bortolussi, exploite les 25 hectares de vignes classées en AOC Madiran et Pacherenc du Vic-Bilh. Le Château de Viella surplombe le vignoble. Cette imposante bâtisse XVIIIème, abandonnée depuis plus d’un siècle à l’état de ruine, a été entièrement reconstruite. Elle abrite maintenant dans ses caves voûtées un superbe chai à barriques. La réputation de bon vivant de ce terroir n’est plus à faire. Le vin mais aussi la fête, les férias, les festivals, le jazz, le tout enveloppé par une certaine douceur de vivre, constituent les marqueurs de cette Gascogne à consommer sans modération.