Les crampottes de Biarritz, sont un village dans la ville, presque un micro-État. Elles ouvrent exceptionnellement leurs portes au public le samedi 10 juin à l’occasion de « Crampottons Ensemble » le premier festival du port des pêcheurs.
Voilà des chambres que l’on est pas près de voir un jour sur Airbnb. Les crampottes, mot gascon qui signifie petites chambres, forment à Biarritz un village dans la ville. Marina Ihidope bichonne sa crampotte. Elle parle avec amour de ces quelques mètres carrés que son mari Laurent a décrochés sans jamais perdre patience. La minuscule terrasse est soigneusement fleurie et l’intérieur est au cordeau. Le canapé Chesterfield a dû jouer des accoudoirs pour s’y faufiler. Distribuée en duplex, la crampotte oscille entre la studette estudiantine et la garçonnière.
Ces 66 maisonnettes, plus ou moins aménagées, sont alignées devant le port des pêcheurs depuis Napoléon III. Elles sont la propriété de la ville qui les loue aux Biarrots patentés, disposant d’un bateau au mouillage. Un privilège ? Pas du tout rétorque-t-on ici. Il faut s’inscrire, la liste est longue et l’attente se compte en années. Quant à l’usufruit, il ne se transmet pas. Les locataires n’habitent pas leurs crampottes. Lieu de stockage du matériel de pêche, les crampottes se sont toutefois parées au fil du temps de quelques éléments de confort.
On vient ici pour la pêche, pour se retrouver autour d’un verre, faire un peu de tambouille ou piquer un roupillon. Dans ce drôle de puzzle de toits de tuiles, de passages discrets, de tamaris, de petites terrasses et de portes dérobées tout le monde se connaît. L’association nautique de Biarritz, une confrérie gastronomique, le club de plongée du coin, le petit casino et quatre restaurants sont également de la partie.
C’est cette ambiance si singulière que les locataires du port des pêcheurs nous invitent à partager le samedi 10 juin lors du festival « Crampottons Ensemble ». L’idée a germé en septembre 2022 quand Cendrine Garry Santamaria, « crampotteuse » elle aussi, et Marina Ihidope ont eu une révélation. Le potentiel scénique des crampottes leur est apparu comme une évidence. « On a tout de suite validé l’idée de faire un festival, le premier du genre au port des pêcheurs » souligne Cendrine Garry Santamaria. Cette biarrote pur jus est une passionnée de théâtre. Elle est à la tête de la toute jeune compagnie « Théâtrons ensemble ».
Une fois le projet mis à l’eau, un enthousiasme partagé a gonflé les voiles. « L’idée d’un festival mellant le théâtre à d’autres disciplines a très vite intéressé pas mal de monde » poursuit Cendrine Garry Santamaria. Des compagnies en vue à Biarritz, comme le théâtre du Versant et Rideau Rouge ont rejoint les instigatrices du festival. Arroka, inlassable association de sauvegarde et de promotion de la culture et de la langue basques a elle aussi grossi les rangs. De nombreux partenaires leur ont emboité le pas.
Samedi 10 juin, presque la moitié des locataires ouvriront les portes de leurs crampottes et le théâtre prendra possession du port. « On a fait le choix de scènes courtes, 15 minutes maximum tout au long de la journée » poursuit Cendrine Garry Santamaria. On ne manquera pas la déambulation historique en costume de l’association Historia Tempori pour connaître tous les secrets du port des pêcheurs de Biarritz. Prometteurs aussi les numéros acrobatiques et de danse de l’école de cirque Ballabulle. A suivre également l’atelier découpe de poisson, l’exposition de photos anciennes dans la crampotte N°37, le marché de créateurs locaux, l’atelier de nœuds marins, le set musical de Zézé Miège et beaucoup d’autres temps forts. Le programme complet sur le site Théâtrons Ensemble
