La céramiste Sylvie Enjalbert vit et travaille dans les Hautes-Pyrénées. Ces pots aux formes épurées entrent en résonance avec des gestes universels enfouis dans la nuit des temps.
Des formes simples
Les créations de Sylvie Enjalbert sont un ravissement tant leurs formes invitent à la contemplation. Il y a d’abord le travail de la matière d’un haut niveau de sophistication. Car ces pots ne sont pas tournés mais poussent sous les doigts de la céramiste selon la technique du colombin. Une économie de moyens mais une discipline d’ascète et du temps, beaucoup de temps. La terre, le four, les cycles de cuisson font écho aux racines paysannes de Sylvie Enjalbert, à ses origines aveyronnaises. Sylvie Enjalbert a bénéficié d’importantes expositions aux Pays-bas, à Paris et à La Borne.
Immémorial et contemporain
Ces formes apaisantes, quasiment des épures, entretiennent un lien puissant avec la poterie immémoriale et brouillent la frontière entre l’art et l’artisanat. Sylvie Enjalbert sublime à travers son œuvre, un objet potier singulier, véritable pièce cardinale de l’organisation domestique depuis la nuit des temps. Je questionne Sylvie Enjalbert sur les endroits qui l’inspirent autour de Saint-Paul, le village où elle vit dans les Hautes-Pyrénées. Elle évoque avec une authentique émotion les grottes de Gargas. À l’intérieur, sur les parois, les peintures des 200 mains préhistoriques réalisées au pochoir par nos très lointains ancêtres. « Ces mains me touchent profondément. J’y vois une humanité, un « commun » avec mon travail ».
« Il y a cette lenteur, l’empreinte des doigts sur les pots, C’est presque méditatif. Je me sens à la fois dans une continuité et une recherche très actuelle de forme » Sylvie Enjalbert
Chine, Japon, Corée
Sylvie Enjalbert n’a suivi aucune école. Autodidacte pure, elle vivait et travaillait au Chili lorsqu’elle s’est essayée pour la première fois à la manipulation de la terre. « Une révélation » reconnaît-elle. De retour en France, elle chemine seule jusqu’à décrocher en 2015 une bourse des Ateliers d’Art de France. Elle lui ouvre les portes d’une résidence de deux mois à Shigaraki, un village potier japonais. Dès lors, plusieurs voyages fructueux en Chine, en Corée et au Japon vont se succéder. En Asie, les formes épurées que façonne Sylvie Enjalbert rencontrent un succès jamais démenti. Une importante exposition lui est consacrée cet automne à la galerie LVS à Séoul.
Sylvie Enjalbert reçoit les visiteurs sur rendez-vous dans son atelier