La vallée de la Barousse se trouve à la frontière des Hautes-Pyrénées et de la Haute-Garonne. Elle ne fait pas grand bruit mais déroule sur 20 kilomètres un défilé de villages, des cours d’eau en abondance et une nature omniprésente.
Vallée sage, presque assoupie, la Barousse a quelque chose d’envoûtant. D’épaisses forêts, longtemps exploitées par les paysans, font maintenant le bonheur des promeneurs en quête de tranquillité. Il faut grimper dans les villages, flâner dans les ruelles, écouter le chant des fontaines, pousser les portes des églises. À l’écart du tapage, la Barousse nous recharge sans même que l’on s’en aperçoive. Cette feuille de route de la vallée de la Barousse, totalement subjective, commence par la recherche d’un plateau où arrimer la vieille tente Lafuma. Le spot se présente sur les hauteurs de Cazarilh. La petite route qui passe à droite de l’église grimpe vers un terrain ouvert et qui offre une belle vue sur le village. Cette prairie est aussi le garde-manger de quatre jeunes cerfs qui se font entendre. Car la vallée de la Barousse tient là une de ses spécialités. À l’automne, elle attire les visiteurs venus écouter le brame du cerf.
Belles assiettes à L’Hôtel des Pyrénées
Deuxième mouvement de la symphonie, trouver un troquet où boire un coup, voire plus.
Ne comptez pas sur un geyser de propositions dans cette vallée discrète. Mais la qualité est là. À Mauléon Barousse, l’Hôtel des Pyrénées remplit très correctement sa mission. La viande de bœuf est du pays, les salades sont bien troussées et copieuses et les desserts révèlent un tour de main certain. Assurément une valeur sûre où les prix sont doux. À Mauléon Barousse se trouve aussi un indispensable : la boulangerie-supérette « La Bélinoise » tenue par Thierry Rousselle. Son pain à l’ancienne est excellent.
L’autre marqueur de la Barousse, c’est le Port de Balès (1755 mètres d’altitude). Les cyclistes amateurs s’échinent sur les incessantes ruptures de pente de cette route étroite. Et ce depuis que le directeur du Tour de France Christian Prudhomme a inscrit ce col dans ses favoris en 2007. En voiture, comptez 40 minutes depuis Mauléon Barousse jusqu’au sommet.
La haute Barousse
La nuit à Cazarilh est douce, simplement lézardée par le râle des jeunes cerfs.
La matinée ensoleillée se prête à la randonnée. Le plan local de randonnées se trouve sur le site de l’Office de Tourisme de Neste Barousse. La numéro 17, dite randonnée de Peyremilla, est parfaite pour saisir en trois heures la haute Barousse. Peyremilla signifie pierre à fabriquer le pain de millet ou le millas. C’est le nom d’une ancienne communauté aujourd’hui disparue. La rando relie trois communes : Mauléon Barousse, Esbareich et Sost. Les deux dernières sont les plus anciennes de la vallée.
La révolte des villageois
Mauléon Barousse a du sang basque. En effet, la bourgade est le fruit du rapprochement de deux familles nobles, l’une de la Soule et l’autre de la Barousse. Vers 1120, Bernard de Mauléon de Soule épousa N. de Labarthe. Il fit construire un château et offrit son nom à la petite cité.
Accrochez-vous ! En 1861 Mauléon Barousse comptait 731 habitants. Ils sont autour de 93 aujourd’hui.
Ici les familles vivaient de l’élevage et de l’exploitation forestière. Or en 1827, le Code forestier est venu réglementer le droit d’affouage et de pâturage, faisant pleuvoir les procès-verbaux sur une population aux ressources déjà très chiches. La révolte qui gronde alors est également alimentée par l’aversion que suscite le Marquis de Luscan. Car lui aussi, à sa manière, étrangle les paysans. À la fin du mois de février 1848, la Barousse connaît un retentissant soulèvement populaire parti de Sost et d’Esbareich. Cet épisode marque le début du déclin démographique en Barousse.
Fromage du pays
À Esbareich, il faut voir l’église et son bénitier roman orné de quatre têtes humaines et onze grenades. De son côté, le cimetière conserve les vestiges d’une chapelle construite par les Templiers. Et puis, on retrouve ici et là des granges avec leurs poutres en arc-de-cercle, typiques de la région.
Sost, le dernier village de la vallée, est le fief du Barousse. Ce fromage rustique est fabriqué artisanalement par des éleveurs du village. La pâte pressée, non cuite, est à base de lait cru de vache, de brebis, voire un mélange des deux.
La Foire aux Fromages se tient tous les étés au mois d’août à Loures-Barousse. Pour goûter cette tome, je vous conseille de vous adresser à Thierry Rousselle qui tient le Vival de Mauléon Barousse et pourra vous aiguiller.
Du tradi à l’Hostellerie de l’Ourse
À cette adresse la tradition est plutôt bien traitée. Dans le village d’Antichan, au bord de l’Ourse, l’Hostellerie de l’Ourse est une table bien repérée des locaux. Pour ma part, les ris de veau à l’ancienne ont tenu leur promesse. Je me suis laissé facilement domestiquer par cette cuisine simple et chaleureuse, dans un décor qui défit les modes.
Le Centre de Montagne de Thèbe
J’ai mieux connu la vallée en me rendant dans le village de Thèbe. Plus précisément au Centre de Montagne. Dans ce lieu officie Guillaume Gould, un type charmant, aussi paisible que la vallée où il a élu domicile. Il a remis sur pied cette ancienne colonie de vacances. Quel travail ! C’est aujourd’hui une halte pour les groupes de toutes tailles avec des chambres de 2, 4 ou 6 personnes et une capacité de 40 lits. Tout ici est simple. On est enveloppé dans une atmosphère propice au repos. Le Centre de Montagne fait chœur avec son environnement et programme plusieurs évènements toute l’année. C’est le camp de base idéal pour partir à la découverte de la nature avec dans la musette les bons plans de Guillaume Gould. L’été, le Centre propose ses glaces maison à déguster à la volée, sans nécessairement séjourner sur place . À noter aussi le remarquable travail de la céramiste Sylvie Kunesch sur les façades.
Pour ce deuxième dodo à l’air libre, j’ai pris l’option « aire de pique-nique » au village de Sost. Le long de la D22, juste après avoir laissé Esbareich sur la droite, en direction de Sost, on remarque un Christ en croix. Un panneau « aire de pique-nique » nous invite à suivre la petite route qui mène sur les hauteurs. L’endroit est hyper tranquille, équipé deux tables et d’un barbecue. La nuit y est douce.
Les rivières sont matricielles en Barousse. Elles coulent dans le nom même de la vallée : bar signifie « vallée » en gascon et ousse signifie « eau ». Une étymologie qui baptise aussi les cours d’eau du pays : l’Ourse de Ferrère, rejointe à Mauléon par l’Ourse de Sost, finit par confluer avec la Garonne, à Loures-Barousse après 25 km à travers la vallée.
Le gouffre de la Saoule
Cette arche naturelle a été creusée par l’eau dans un bloc de calcaire. L’Ourse de Ferrère y plonge en cascade. C’est un spot réputé, très facilement accessible depuis la route qui monte au col de Balès.
Mais pour un poste de baignade un peu plus confidentiel, cap sur le village de Sarp. En face de l’église, prendre l’impasse du Moulin. Très vite, un petit panneau sur la gauche signale le bord de l’Ourse. On peut se garer facilement. A moins d’une minute de marche se trouve un joli trou d’eau, au calme. La berge enherbée sert de petite plage et il y a une table de pique-nique. Comme toujours dans ces endroits, on veille à ne laisser aucun déchet derrière soi et il n’est pas interdit de ramasser ceux des autres. Et oui, ça peut se faire.
Quelques villages coups de cœur
Bramevaque, son imposant tilleul au tronc creux qui donne tout son charme à la place du village. À voir aussi les ruines du château médiéval
Izaourt, son parc au bord de l’Ourse agrémenté de tables et de barbecues.
Ferrère, les fresques de l’église Saint-Michel signées de l’artiste russe Nicholaï Greschny
Troublat, les falaises (spot d’escalade) offrent un point de vue superbe sur la basse vallée de la Barousse
Siradan, les belles demeures dans leurs parcs, témoignage de l’époque thermale
Mauléon Barousse, la Maison des Sources, un écomusée très bien conçu pour saisir l’importance de l’eau dans cette vallée mais aussi son histoire et son patrimoine. Ici on trouve aussi un grand parc au bord de l’Ourse, équipée de tables et d’un barbecue
L’ Office de Tourisme Neste Barousse se trouve à l’entrée de la vallée à Sarp. Arrêt indispensable pour s’enquérir des randonnées, des visites, des producteurs, des hébergeurs et de l’actualité la vallée. Tél. 05 62 99 21 30